Autour des mets : « Derrière une boutique comme celle-ci,
il y a d’autres métiers à défendre »

Publié le 22 mai 2020

Lundi 16 mars, veille du confinement. Chez Autour des Mets, Christine Mariacourt ne cache pas son inquiétude. La France est encore dans le flou. Combien de temps va durer le confinement ? Quels commerces vont pouvoir rester ouverts ? Dans le pire des cas, quels sont ceux dont, en fonction des conditions, on ne verra jamais le rideau remonter ?
Dans la semaine qui suit, la liste des commerces de première nécessité est établie par l’État. Avec un peu d’hésitation au début, qui tend à semer la confusion au sein de la population et des commerçants. Ouvrir ou ne pas ouvrir ? Comment va évoluer ce virus dont on ne sait presque rien, sinon qu’il tue ? Une chose est sûre : pour les commerces qui ont la possibilité d’ouvrir mais restent fermés, les demandes d’aides seront plus compliquées.

« Pas dormi pendant 15 jours »

Chez Autour des mets, on va de la cave à l’épicerie. La boutique compte parmi celles qui ont le droit de rester ouvertes. « Je n’en ai pas dormi pendant 15 jours, explique-t-elle aujourd’hui. Mon fils de 6 ans ne voulait pas que j’aille travailler, il avait peur que je meurs du virus… » En cette seconde quinzaine de mai, on retrouve une Christine Mariacourt soulagée. Comme tout bon commerçant, elle est toujours heureuse d’accueillir et conseiller les clients. Mais on ressent une petite pointe de fatigue, nerveuse et physique.

Pas de plainte, mais tout de même, les commentaires sur le fait qu’Autour des mets n’est pas un commerce de première nécessité ne sont pas vraiment passés. « C’était énervant de devoir justifier d’être ouvert. »
Dans notre pays, les comparaisons de la crise sanitaire avec la guerre ont sans doute été trop nombreuses. La situation n’a tout simplement rien à voir. Non, les commerces restés ouverts pendant le confinement n’en ont pas « profité ».
« J’ai tout donné, indique Christine Mariacourt. J’ai fait des livraisons, parfois bossé jusqu’à sept jours sur sept. Derrière une boutique comme celle-ci, il y a aussi d’autres métiers à défendre : des vignerons, des producteurs, des petits artisans français… »
Autant de professionnels dont on sera sans doute satisfait, avec la crise économique qui se profile, qu’ils aient pu conserver leur activité et participent aux taxes et impôts.

Les chocolats de Pâques

Qu’en est-il d’Autour des mets ? Au mois de mars, la boutique a réalisé 25% de chiffre d’affaires en moins. « Au départ, les gens ne savaient pas trop s’ils pouvaient venir ou pas, c’était le flou. Sur l’attestation de sortie, ils hésitaient à cocher la case « produits de première nécessité » ».
En témoigne cette cliente qui, alors que les forces de l’ordre s’installaient place Coget après qu’elle soit entrée dans le magasin, n’osait plus en sortir : « Elle a pris peur. Elle avait pourtant son attestation en règle ! »

Et puis le mois d’avril est arrivé, avec Pâques. « J’avais commandé en amont tous les chocolats, poursuit Christine. Je m’inquiétais d’une perte catastrophique. Mais une semaine avant, il n’y avait déjà plus rien. » Une bonne nouvelle, pour la commerçante qui ne voulait pas avoir recours au report de charges. « Je préférais fermer définitivement plutôt que de péricliter pendant un an grâce aux aides et fermer ensuite. »
De nouveaux clients ont aussi fait leur apparition. « Ils sont venus découvrir car ils ne souhaitaient pas faire la queue au magasin. » Si l’alcool est à boire avec modération, les bières et les vins ont été les ventes phares du confinement. Or à quoi bon augmenter la taille des files d’attente aux magasins généralistes lorsque le produit convoité peut être trouvé là où il n’y a pas de queue ?

Retour à une activité à peu près normale

Au final, les chiffres de la boutique se sont équilibrés. Mais le mari de Christine, commerçant lui aussi, n’a pas perçu de salaire pendant le confinement ni après, puisqu’il travaille en lien avec les restaurateurs.

Autour des mets a aujourd’hui retrouvé une activité à peu près normale. Les livraisons continuent d’arriver et les clients habitant jusqu’à plus de 10 kilomètres sont de retour.  Trois personnes maximum sont autorisées dans la boutique et vous pouvez demander à Christine de porter le masque. C’est également elle qui vous montre les produits. « S’il y a une file d’attente, chacun garde ses distances. Il n’y a pas de marquage au sol mais les gens sont responsables, je n’ai jamais fait de remarque car tout est bien respecté. »

Autour des mets : 03 20 58 21 86

Un mug pour Phalempin !

Pendant le confinement, un mug à l’effigie de Phalempin a fait son apparition, avec l’inscription « La vie est belle à Phalempin ». « C’est une idée que j’avais en tête depuis 2/3 ans, commente Christine. Je suis originaire d’ici et c’est mon enfance, ma ville. J’ai pensé que c’était le moment de le sortir car malgré le virus, il y aussi eu de beaux moments. Déjà, on avait la chance de pouvoir profiter d’un beau village fleuri lorsqu’on sortait. Ça n’a pas été le cas de tout le monde. Et puis de mon côté, j’ai aussi pu passer plus de temps avec mes enfants. »

Certains auront peut-être reconnu la photo sur le mug : elle fait aussi office de couverture de notre page facebook de la ville. Elle a en réalité été commandée au photographe phalempinois Philippe Nogret (Studio Nogret) par Christine Mariacourt il y a quelques années. Mais face à la qualité du cliché et à ce qu’il témoigne de la commune, son libre usage a été accordé à la ville par la commerçante !